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Les tribulations des Chastang à Tahiti
8 septembre 2016

Le champ des possibles

Titre d'une de mes emissions favorites sur France culture, j'aime beaucoup cette expression qui résume à elle seule notre voyage à travers la vie.

Démarré presque à l'infini, il se réduit dès que l'on naît au monde et déjà n'est pas le même, que l'on naisse garçon ou fille, français, indien ou congolais. Au fur à mesure que l'on avance, que l'on grandit, que l'on s'affirme.. non on ne sera pas sportif de haut niveau, top model, styliste ou astronaute.. chacun de nos choix, chacune de nos avancées et chaque jour qui passe réduit ce champ des possibles mais nous amène aussi vers nos accomplissements et ces choix, quand ils sont possibles sont aussi source de nos plus grands bonheurs : choisir un conjoint, pouvoir choisir d'avoir des enfants, une maison où l'on se sente bien. Mais plus le chemin avance, plus je me rends compte que des choix à priori assez définitfs ne le sont pas ; qu'ouvrir une porte, si c'est fermer les autres, c'est également se donner l'accès à de nouvelles opportunités, de nouvelles portes que l'on aurait pas imaginé pouvoir être là.

Et parfois, si l'on ne peut faire machine arrière, on peut bifurquer, rattraper une ancienne route ou un chemin entrevu.. Se rendre compte que malgré les fardeaux accumulés (liens affectifs, responsabilités parentales ou professionnelles, emprunts conséquents) on peut toujours DECIDER de changer tout ou partie. Entrevoir d'autres possibles, peut-être inusités est un de mes plus grand émerveillements de ma vie d'adulte. Moi qui croyait, ayant déjà vécu ces grands bonheurs de réussite professionnelle, affective et familiale n'avoir plus rien a espérer qu'une agréable routine je découvre chaque jour de nouvelles possibilités qui me font me sentir vivante. 'Et si..' cette petite phrase magique apporte son grain de sel à l'existence et permet aussi, au fond des plus noires humeurs de toujours espérer.

Insensiblement, bien sûr les chemins se feront plus rares, les portes moins nombreuses et l'âge, la maladie mais aussi la peur de l'inconnu peuvent nous réduire au seul sentier que l'on a pris l'habitude d'emprunter, et sa routine sécurisante peut devenir, bien plus qu'un confort, une nécessité. On ne chemine pas seul mais toujours entouré de ceux qui nous aiment. Leur paysage, leurs murs parfois sont à côté des notres, peut être tout près puis peuvent s'éloigner mais aussi se rapprocher.

Certains choisissent, parfois brutalement, parfois après de longues années de réflexion, de fermer d'eux même d'un coup toutes les portes qui s'offrent à eux, d'arrêter abruptement leur cheminement. N'ont-il pas su voir tous ces possibles ? Leur ont-ils paru inaccessibles ou sans interêt ? Choisir de ne plus avoir le choix.

Pour d'autres, le paysage se brouille et s'efface, devient hostile et seul le chemin connu fini par être entrevu, le passé se mélange au présent et les gens qu'on aiment finissent par disparaître dans le brouillard alors même qu'ils sont tout près.

Notre chemin a beau être aujourd'hui au bout du monde il n'en reste pas moins proche, par la pensée et par nos assiduités respectives, de ceux de ceux qu'on aime. Pour avoir un jour croisé leur route ou longtemps cheminé ensemble, ils font partie de notre paysage.

Alors c'est sûr, on est bien ici. Il fait beau (sauf à Taravao, le climat de la presqu'île s'apparente à celui de la Bretagne), moi l'hypothyroïdienne frileuse je n'ai presque plus jamais froid (sauf pour la fondue en terasse du haut des 600m d'altitude du resto du Belvédère), la nature qui nous entoure est d'une magnificence dont je ne me lasse pas (je pourrais passer des heures à regarder la danse des vagues ou à contempler les montagnes dont j'ignore le nom, allongée dans l'eau ou sur le sable de la pointe Vénus), le travail nous laisse (un peu) le temps de se retrouver en famille, les enfants jouent (presque) tous nus dehors toute l'année ; nous avons désormais du temps à consacrer à nos activités sportives respectives (Ludo s'est lancé à corps perdu dans les raids, triathlon et courses en tout genre ; j'ai débuté le yoga, le surfset et repris avec grand plaisir mon farapu) et j'arrive même de temps en temps à m'approcher de mes bien-aimées machines à coudre.

On est même mieux que bien. On mange encore plus bio, on dévore les fruits locaux (de temps en temps on consomme du 'par avion' bouh ! mais en bon Auvergnats nous n'arrivons pas à nous sevrer de vin ni de fromage), le poisson cru est toujours un régal (sauf pour Minouche qui décidément a l'âme d'une végétarienne), le ma'a tinito est entré dans nos moeurs et on a été contaminés avec plaisir par le virus du zéro déchet (Il faut vraiment que je fasse un poste là-dessus !).

Mais nous n'en oubliont pas pour autant ceux qui sont cher à notre coeur.  Et tant qu'il y a de la vie, il y a des possibles. Et parfois, du blues.

A bientôt..

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